Introduction
Dès la sortie de l’hiver, les botanistes sortent de leurs bureaux pour parcourir les sites d’études à la recherche d’espèces protégées, rares ou menacées. Ils dressent également une cartographie des habitats et des végétations observées.
Cet article traite du quotidien d’un chargé d’études botaniste en période d’inventaire.
Phase de préparation de terrain
En amont de la visite d’un site, une préparation est effectuée, notamment par analyses des photographies aériennes et historiques. Ce travail permet d’appréhender le degré de naturalité du site, la mosaïque d’habitats potentiellement présente et les changements anthropiques qui auraient pu avoir eu lieu sur le site.
Une consultation des sites bibliographiques (E-Calluna, INPN) permet d’évaluer la potentialité de présence d’espèces rares ou protégées dans les alentours du site d’étude.
Violette des marais (Viola palustris)
Phase de terrain
Une fois sur le site d’étude, le travail consiste à parcourir l’ensemble du site à pied, de façon à échantillonner les végétations présentes sur l’ensemble des types de milieux identifiés lors de la préparation du terrain. Un relevé floristique est effectué par habitat.
Chaque végétation est délimitée sur le terrain sur la base de critères de composition végétale, de topographie et d’état de conservation. Ce travail s’effectue via Qfield, un outil cartographique mobile de terrain qui permet la prise de notes, le tracé de polygones et la prise de photos géoréférencées sur téléphone ou tablette.
En parallèle, un relevé le plus exhaustif possible de la flore présente est réalisé grâce à des outils numériques qui permettent de saisir toutes nos observations sur le terrain. Une attention particulière est portée aux espèces à statuts (listes rouges régionales, nationales, protections…), ainsi qu’aux espèces inscrites sur la Liste des plantes invasives élaborée par le Conservatoire Botanique National de référence du territoire d’étude.
Deux passages sur le terrain sont généralement réalisés pour un inventaire exhaustif (printemps et été), parfois complétés par des passages précoces ou tardifs sur des habitats spécifiques : les boisements à flore vernale, les abords des étangs exondés en fin d’été…
Pour mener à bien les identifications botaniques, nous nous aidons de loupes de grossissements de terrains et des flores (Flore du Massif armoricain, Flore de Basse-Normandie, Flora Gallica…). Des loupes binoculaires sont également à disposition dans les bureaux.
Phase de bureau
Cartographie des habitats
Ainsi, après une première approche sur le terrain, la cartographie des habitats est affinée sur le logiciel Qgis. Ces habitats sont cartographiés selon une homogénéité floristique et écologique (sol, dynamique de végétation). L’ensemble des habitats de la zone d’étude est cartographié sans trou ni recouvrement d’habitats au sein de la cartographie finale.
Par ailleurs, pour des questions de lisibilité, la taille minimale des polygones cartographiés est d’environ 20 à 30 m² et les habitats peuvent être cartographiés sous forme de mosaïques si l’individualisation des habitats n’est pas possible (zones intermédiaires, dynamique progressive avec développement de ligneux, petites végétations de dalles rocheuses).
On distingue des habitats naturels ou semi-naturels à l’inverse d’habitats anthropiques. Ces différents habitats sont rattachés à des nomenclatures européennes (EUNIS) et nomenclatures françaises (Corine Biotope), ainsi qu’aux habitats d’intérêts communautaires et prioritaires Natura 2000 (référentiel européen EUR 27).
Ces cartes habitats doivent être suffisamment précises pour pouvoir être utilisées par les faunistes par la suite, pour leurs cartographies d’habitats d’espèces.
Cartographie de la flore patrimoniale
Une analyse des données GPS récoltées sur le terrain permet de distinguer les espèces protégées (nationales et/ou régionales) et les espèces patrimoniales (sur liste rouge nationale et/ou régionale – notées NT, VU, EN, CR*). Plusieurs types de cartographie peuvent être réalisés pour ces espèces :
- Soit des stations ponctuelles avec un nombre de pieds associés pour chaque point (pour un seul individu ou si les individus sont très proches les uns des autres).
- Soit des stations surfaciques si l’espèce est présente de manière diffuse sur un habitat en particulier (on notera des pourcentages de recouvrement de l’espèce).
- Soit des zones de présence pour des espèces plus difficiles à observer (espèces discrètes, espèces en phase végétative) ou pour de grandes surfaces non prospectables.
Cartographie de la Gesse à fruits ronds
Cartographie de la flore exotique envahissante
De même, une projection cartographique des données GPS permet de localiser les espèces exotiques envahissantes et de réaliser des cartographies avec des stations ponctuelles ou des stations surfaciques. Une analyse de leur dynamique sur le site est réalisée et de première piste de solutions sont présentées afin d’en limiter la propagation en phase chantier notamment.
Conclusion
À partir d’octobre, après la rédaction et l’analyse des données récoltées sur le terrain, le ou la botaniste pourra à nouveau retourner en hibernation en attendant la reprise de la végétation…
*Classification sur la liste rouge : Quasi-menacée (NT), Vulnérable (VU), En danger (EN), En danger critique (CR). |
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