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Comment réaliser un inventaire de chauves-souris ?

Chauve-souris Sérotine commune

Sérotine commune (Eptesicus serotinus) © Wikimedia Commons – Mnolf

Pourquoi inventorier les chiroptères ?

Les chauves-souris – aussi appelées chiroptères – sont des animaux nocturnes qui regroupent plus de 1400 espèces, ce qui représente un cinquième des mammifères. 

36 espèces de chauves-souris sont présentes en France, dont 21 en Bretagne. Toutes ces espèces sont protégées. Les chauves-souris sont menacées pour 3 principales raisons : 

  • la perte de leurs habitats (notamment leurs territoires de chasse, avec l’intensification de l’agriculture)
  • la disparition des insectes 
  • le dérangement lors de leur hibernation

 

Inventorier les chiroptères a pour objectif de : 

  • recenser les espèces de chiroptères sur un site d’études et ainsi connaître les tendances des populations et leur répartition 
  • suivre leur mortalité à la suite d’une construction (principalement éolien)
  • proposer la protection des sites les plus riches présentant des enjeux importants
  • développer une meilleure connaissance des chauves-souris dans leurs habitats 

 

En bureau d’études, les inventaires de chauves-souris sont notamment réalisés dans le cadre d’études d’impacts et de suivi post projets d’aménagement.

 

Quelles sont les méthodes que nous utilisons pour les inventaires de chauves-souris ?

Les inventaires acoustiques

Les inventaires acoustiques sont généralement réalisés d’avril à octobre, 7 mois durant lesquels les chiroptères sont actifs. En dehors de cette période, les chauves-souris sont en hibernation.

L’écoute active des chauves-souris 

L’écoute active des chiroptères est généralement réalisée en début de nuit (30 minutes après le coucher du soleil et durant les 2 à 3 heures qui suivent) et/ou en fin de nuit. Ces horaires correspondent aux pics d’activité des chauves-souris, mais peuvent varier selon les espèces et la période de l’année.

Le fauniste se rend tout d’abord sur le point d’écoute. Les points d’écoute sont sélectionnés en amont, en fonction du lieu de présence de chauves-souris le plus probable et dans l’objectif de recouvrir un maximum d’habitats différents. En une nuit, le fauniste couvre 6 à 8 points d’écoute environ.

Le chiroptérologue prend ensuite note du contexte dans lequel il réalise son inventaire : l’horaire d’écoute, les conditions météorologiques, la couverture nuageuse, la température, la phase de la lune. Dans certains cas, ces facteurs environnementaux permettent d’expliquer en partie la présence ou l’absence d’espèces de chiroptères.

Cette étape est suivie d’un temps d’écoute (en général 10/15 minutes, mais cette durée est variable), durant lesquelles le fauniste doit identifier les espèces de chauves-souris présentes sur le site. Pour ce faire, il utilise un appareil qui rend audibles à l’oreille humaine les ultrasons émis par les chauves-souris.

Inventaire chauve-souris

Chiroptérologue en écoute active lors d’un inventaire acoustique de chauves-souris

Le chiroptérologue fait varier la fréquence de cet appareil dans le but d’identifier les espèces présentes sur le site. La fréquence d’émission constitue en effet un outil d’identification, puisque chaque espèce de chauve-souris émet à une gamme de fréquences différentes.

L’appareil peut avoir la fonction “Expansion de temps” qui permet de ralentir et de rejouer la séquence sonore. Le son perçu est alors différent et peut aussi aider à l’identification de l’espèce.

Une fois l’espèce de chauve-souris identifiée, le chiroptérologue prend note de sa présence sur le site d’études et définit son comportement : cris sociaux, en transit, en chasse. Les signaux émis sont différents selon l’attitude de la chauve-souris. Par exemple, une accélération de l’émission de signaux (appelée “buzz”), indique que le chiroptère s’apprête à capturer sa proie.

L’appareil utilisé est directionnel, il est donc nécessaire de le diriger dans diverses directions pour essayer de capter un maximum d’individus.

En cas de difficulté d’identification immédiate de l’espèce de chiroptères entendue, l’appareil permet d’enregistrer les sons, qui seront ensuite réécoutés et analysés de façon plus approfondie à l’aide d’un logiciel spécifique.

L’écoute passive des chauves-souris

L’écoute passive des chiroptères consiste à placer des enregistreurs, pendant plusieurs jours, dans des lieux propices à la présence de chauves-souris. Ces détecteurs à enregistrement automatique sont déposés au sol ou en hauteur (environ 1 mètre 50) et enregistrent les ultrasons sur une carte mémoire. Le chiroptérologue analyse ensuite ces enregistrements sur un logiciel spécialisé. 

Cette méthode d’écoute passive permet un enregistrement en temps réel et est très efficace pour quantifier une activité globale sur un site et sur une longue durée.

La recherche visuelle

En complément des études acoustiques, le chiroptérologue peut être amené à rechercher la présence de gîtes à chauves-souris sur le terrain : arbres, haies, grottes, bâtiments, etc. Cette méthode visuelle permet d’identifier les gîtes des chiroptères sur le site d’études.

Elle n’est pas systématiquement utilisée, mais peut fournir de précieuses informations.

En résumé

Ces techniques nous permettent de faire un inventaire qualitatif et quantitatif des chauves-souris et de comprendre leur utilisation du territoire. Un état des lieux précis de l’activité des chiroptères découle alors des analyses poussées que nous effectuons.

D’autres méthodes que celles que nous utilisons et avons présentées précédemment sont mises en œuvre, en particulier par les associations. Par exemple, le comptage est utilisé pour suivre l’évolution des effectifs de populations de chiroptères. La capture peut également être mise en place pour étudier les chauves-souris de plus près. Ces techniques ont pour finalité d’améliorer les connaissances à l’échelle des colonies / des espèces.

Chauve-souris Oreillard Roux

Oreillard roux (Plecotus auritus) © Wikimedia Commons – Gilles San Martin

Quels outils sont utilisés lors de nos inventaires de chiroptères ?

Toutes ces méthodes d’inventaire de chauves-souris nécessitent l’utilisation d’un matériel spécifique.

 

  • En écoute active :

Nous utilisons le détecteur d’ultrasons Pettersson D240X (ou détecteur de chauves-souris), un appareil qui rend audibles les signaux émis par les chiroptères.

Un enregistreur audio portable est aussi utilisé pour l’enregistrement des espèces difficiles à identifier.

Pour analyser ces enregistrements audio, nous disposons d’un logiciel spécialisé (BatSound).

 

  • En écoute passive : 

Nous utilisons des détecteurs à enregistrement automatique (SM4BAT). 

Le logiciel SonoChiro nous permet ensuite d’analyser les enregistrements de ce détecteur.

 

Sources : 

https://www.dervenn.com/chiropteres/ 

https://www.dervenn.com/dervenn-inventaire-chauves-souris/ 

https://www.bretagne-vivante.org/nos-actions/especes-menacees/chauves-souris/

 

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