À Bretignolles-sur-Mer, commune littorale vendéenne, la nature est au cœur des préoccupations locales. Dans cette interview, la chargée de mission environnement revient sur le processus de modernisation du plan de gestion différenciée. Un projet ambitieux porté par l’équipe municipale et accompagné par notre bureau d’études nantais, pour aider la commune à optimiser la gestion de ses espaces verts, tout en intégrant les singularités de son territoire.
| Un plan de gestion différenciée, de quoi s’agit-il ?
Le plan de gestion différenciée est un plan d’action, qui propose une alternative aux pratiques classiques d’entretien et d’aménagement des espaces verts. Il a pour principe de sortir d’un entretien uniforme des espaces verts à l’échelle du territoire. Cet outil permet de s’affranchir plus facilement des produits phytopharmaceutiques tout en garantissant une préservation des écosystèmes et une rationalisation des pratiques d’entretien. En supprimant les usages de produits phytosanitaires, il a pour but de préserver les écosystèmes, de restaurer les fonctionnalités écologiques des espaces végétalisés et de rationnaliser le plan de gestion des espaces verts. |
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
« Emma Guillou, je suis chargée de mission environnement à Bretignolles-sur-Mer, et je m’occupe à la mairie de tout ce qui touche de près ou de loin à l’environnement, en coordination avec la volonté politique des élus et les projets qu’ils portent.
En général, ma mission, c’est à la fois une expertise technique environnementale, et beaucoup de coordination et d’animation de projets en lien avec l’environnement pour la commune avec les élus, les agents, les habitants et les partenaires. »
Pourriez-vous brièvement présenter la commune de Bretignolles-sur-Mer ?
La commune de Bretignolles-sur-Mer est une commune littorale située sur la côte vendéenne qui appartient à l’agglomération du Pays de St Gilles Croix de Vie. La commune a la particularité de bénéficier de l’un des plus grands linéaires de littoral de Vendée (13 kilomètres de côte).
Ces grandes plages génèrent un afflux touristique important. La commune, qui compte environ 5000 habitants à l’année, en dénombre en effet près de 10 fois plus en haute saison.
En plus de cette côte littorale, la commune possède un bocage rétro-littoral important. Ce bocage est matérialisé par une ceinture verte, une démarche mise en place par les élus entre 2010 et 2014 à Bretignolles-sur-Mer, dont l’objectif est de limiter l’urbanisation.
| Le mot de Dervenn :
Qu’il s’agisse de spécificités démographiques (liées à l’afflux touristique) ou urbanistiques (ceinture verte) ces caractéristiques territoriales sont autant de paramètres à prendre en compte pour garantir des préconisations pragmatiques et pertinentes pour la gestion des espaces verts. Aussi, Dervenn a porté une attention particulière à ces caractéristiques dès le diagnostic. |
Pourriez-vous nous exposer le projet ? : Quelles problématiques ont fait naître votre demande ?
La gestion différenciée est présente à Bretignolles-sur-Mer depuis très longtemps. La commune a été précurseur sur le sujet, notamment suite à une expérimentation « commune vitrine » dans le cadre d’un projet avec le SAGE Vie et Jaunay en 2009, pour mettre en place la gestion différenciée avec d’autres communes du territoire.
La commune était donc relativement avancée sur le sujet du « zéro-phyto », en raison du portage politique fort et d’agents formés et impliqués très tôt sur ce sujet.
Mais la gestion différenciée étant en place depuis plus de 10 ans sur la commune, les élus souhaitaient donc la requestionner et la remettre à jour.
La commune ne disposait pas de cartographie fonctionnelle pouvant être mise à jour et avait donc besoin d’un outil de gestion adapté, permettant d’être plus performant et de mieux visualiser les pratiques.
L’objectif était de sécuriser la gestion différenciée, de requestionner les pratiques et de fournir au service espaces verts un outil performant d’observation, de suivi et de contrôle. Disposer de cet outil permet ainsi un usage plus souple et une transmission facilitée entre les agents.
La quantité d’espaces verts étant en augmentation ces dernières années, le but était aussi de chiffrer le nombre d’heures nécessaires pour la gestion de ces surfaces.
| Le mot de Dervenn :
Dans une logique d’historisation de la gestion des espaces verts et de réappropriation de la stratégie d’entretien des espaces verts, la mise en œuvre d’ateliers de concertation associant élus et agents s’est avérée nécessaire pour partager une vision commune. |
Quelles sont les singularités de la commune à prendre en compte dans le cadre de cet accompagnement ? Y avait-il des points d’attention particuliers ?
- Des enjeux liés au paysage littoral de la commune très importants, puisque ces zones sont soumises aux embruns et à de fortes pressions ;
- Des contraintes liées à l’afflux touristique, qui rend la gestion des espaces verts saisonnière ;
- Des enjeux liés à la ceinture verte et au patrimoine arboré, puisque la commune est investie dans une démarche de plan vert depuis 2008 (l’équivalent de la trame verte) ;
- Des contraintes liées à un plan de gestion différenciée déjà existant.
Pourquoi avoir choisi Dervenn ?
Dervenn a fait une proposition complète et technique. Nous avons été sensibles aux outils et questionnements de pratiques proposés par le bureau d’études, qui par ailleurs est localisé dans la région et possède un véritable historique en matière de gestion différenciée, de végétal et de cartographie
Comment avez-vous été accompagnés sur vos problématiques ? Quelles ont été les livrables produits ?
Dervenn a souhaité dimensionner un diagnostic proportionné aux réalités techniques et financières de la commune, en proposant par exemple ;
- la conduite d’entretien avec des personnes ressources / clés de la commune (élus, agents espaces verts, chargé de communication, …),
- La réalisation de visites terrain accompagnées sur un échantillonnage de sites.
Plusieurs rendus ont été livrés par Dervenn à la commune :
- Un diagnostic, issu de l’analyse des équipes de Dervenn et des réunions de concertation
- Un cahier de prescriptions, contenant un atlas cartographique avec l’ensemble des éléments techniques et des pratiques à mener selon les typologies d’habitat ;
Exemple de livrable : Pratiques d’entretien par période et par habitat & cartographie des espaces verts qui feront l’objet de cet entretien
- Des couches de cartographie en version modifiable, permettant de faire évoluer les documents ;
- Un plan d’action, permettant de requestionner l’organisation du service ;
- Un plan de communication, pour faire vivre le sujet de la gestion différenciée sur la commune ;
- Un compte-rendu de la mission, présentant notamment l’utilisation des outils ;
- Un outil technique concret, permettant de comparer les ressources dont dispose la commune et ses besoins en termes de gestion des espaces verts.
Frise chronologique des étapes de la modernisation du plan de gestion différenciée
| Le mot de Dervenn :
Considérant les différentes attentes sur la gestion des espaces verts, Dervenn a pris le parti de proposer des livrables opérationnels (plan de gestion, plan de communication) assortis d’un livrable plus stratégique ciblant les leviers de modernisation du service espaces verts. La livraison de ces documents s’est accompagnée de conseils pour le pilotage et une utilisation pragmatique. |
Comment la concertation a-t-elle été mise en œuvre ? Quels étaient les objectifs de cette concertation ? Ont-ils été atteints ?
L’objectif était d’analyser les besoins des agents du service espaces verts, et ceux des élus, leur volonté et leur analyse concernant la gestion actuelle des espaces verts.
Dans une logique de réappropriation collective de l’entretien des espaces verts les ateliers ont été conduits dans un premier temps, dans un objectif de partage des pratiques et réalités terrain de l’entretien des espaces verts. Ces ateliers élus / agents ont été conduits séparément.
Dans la continuité de ces temps d’échanges et afin de partager une vision commune au service de la politique d’entretien portée par les élus, les ateliers ont été conduits collectivement afin de définir les enjeux et objectifs d’entretien.
Le diagnostic réalisé vous a-t-il aidé ? Quels sont les enseignements que vous en tirez ? Les plans d’actions proposées répondent-ils aux problématiques auxquelles vous étiez confrontés ?
Le diagnostic a permis d’identifier les enjeux issus de l’analyse et des différents échanges, de le mettre sous la forme de matrice.
Sa formalisation et la traduction des conclusions au sein d’un rapport dédié constituent un véritable outil d’échange entre élus et agents sur la stratégie d’entretien des espaces verts à poursuivre.
Le plan d’action qui en a découlé répond aux besoins de la commune et doit à présent être approprié par les élus et les agents.
A présent, comment envisagez-vous la poursuite de votre démarche engagée ?
Nous avons commencé à travailler sur certains sujets en interne, et avons imaginé, un éventuel suivi en N+1 et N+2 relatif à la prise en main de l’outil et à l’évolution des pratiques, afin d’identifier les axes d’amélioration.
Quels sont les prochains projets biodiversité sur la commune ? Pourrez-vous vous appuyer sur la modernisation du plan de gestion différenciée pour ces projets ?
- En lien avec les services espaces verts, un projet de création de jardins familiaux est en cours, qui apportera par ailleurs de nouvelles parcelles soumises à la gestion différenciée.
- Dans la continuité de la modernisation du plan de gestion différenciée, les élus souhaitent poursuivre le requestionnement des pratiques et mode de gestion sur la ceinture verte.
- Un plan de gestion de l’arbre est également en cours de formalisation, dont la structure a été élaborée par Dervenn.
Le but est de mettre à disposition des outils complets aux agents du service espaces verts.
- Dervenn a aussi resouligné l’importance de continuer ce travail de conversions des espaces verts de la commune, et notamment le projet de végétalisation de la corniche.
- La commune, pressentie pour la labellisation 4ème fleur octroyée par Villes et Villages fleuris, se requestionne aussi sur la gestion du centre-bourg. L’objectif est de conserver des espaces de qualité en valorisant une flore vivace et sauvage.
Un dernier mot ?
« Nous avons bénéficié d’un accompagnement sur la durée avec Dervenn qui s’est bien passé, grâce à la disponibilité de nos interlocuteurs pour assurer de nombreux échanges et également grâce à une grande capacité d’écoute. »
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