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Mission d’accompagnement éco-paysager de l’Union Bretonne de l’Hôtellerie de Plein Air

Conception paysagère par un paysagiste de Rennes

Le contexte de la mission 

Depuis le 1er trimestre 2021, l’entreprise Dervenn est devenue « entreprise à mission ».

C’est la loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) du 22 mai 2019 qui a donné à Dervenn la possibilité d’inscrire cette mission dans ses statuts d’entreprise.

Cette qualité repose sur deux pivots :

  • La promotion, la protection et la valorisation de la biodiversité.
  • Placer l’Humain au centre de nos organisations comme étant un individu responsable, digne, unique, sociable et solidaire

Dans ce cadre, Dervenn a décidé, entre autres actions, de soutenir des projets en faveur de la biodiversité sur son territoire d’intervention en proposant une mise à disposition de ses compétences.

Afin de sélectionner un projet pour lequel ce mécénat de compétences pouvait être mis en application, Dervenn a lancé un appel à projet à l’automne 2021.

Parmi les 9 candidatures, un vote en interne de tous les salariés du groupe Dervenn a permis de sélectionner celle de l’Union Bretonne de l’Hôtellerie de Plein Air (UBHPA). Cette dernière proposait d’accompagner un camping volontaire pour une meilleure prise en compte de la biodiversité et du changement climatique en formulant des recommandations concrètes.

S’en est suivi le choix d’un camping pilote. Afin de pouvoir traiter de plusieurs problématiques, c’est le camping du Lac de Mr Garcia, à Carnac, qui a été retenu parmi diverses propositions de sites.

Une visite de site prépondérante

Parmi les éléments les plus marquants de cette étude, la visite de site avec l’UBHPA et le gestionnaire est sans doute celui qui aura joué le rôle le plus prépondérant dans l’exploration des possibles.

Le temps d’échange in situ, face à la matérialité des paysages, des emprises et des végétations existantes, ainsi que des usages en place ou à venir, a permis de mettre en exergue des éléments concrets de transformation des espaces.

Ces échanges ont vraiment permis de créer un « déclic » auprès du gestionnaire du camping.

En expliquant quelles solutions pouvait être trouvées pour tel ou tel espace, que tel lieu pouvait être transformé de telle ou telle façon, … il a pu se rendre compte de l’ensemble des possibilités, mais aussi de la faisabilité, des différentes pistes d’amélioration.

Même si des questionnements pouvaient potentiellement exister quant à la démarche, ceux-ci ont été immédiatement levés quand il a s’agit de montrer concrètement la faisabilité des projets potentiels, et parfois leur facilité de mise en place.

Un moment prépondérant dans la conduite de cette étude : les échanges sur site

Des enjeux généralisables et des enjeux spécifiques, basés sur un diagnostic environnemental et paysager du site

Le choix s’est initialement porté sur le camping de Mr Garcia car s’y recoupaient des sujets à traiter très variés : insertion paysagère générale des équipements, milieu naturel et paysage d’exception, usages diversifiés au sein du camping etc. le tout porté par un gestionnaire avide de faire bouger les lignes sur la question de la biodiversité et l’image générale de son camping.

Ce site nous a ainsi paru idéal afin de pouvoir travailler à trouver des solutions à la fois généralisables à d’autres campings (gestion des espaces verts, palette végétale, gestion de l’eau…), mais également d’autres inhérentes au contexte plus spécifique au site (topographie, covisibilités..).

Pour ce faire, le diagnostic du site croisant aspects environnementaux, paysagers, historiques et humains, a permis de faire émerger divers enjeux.

Première cartographie de diagnostic générique du site

Deux grands niveaux d’enjeux ont émergé :

1 – Des enjeux et objectifs spécifiques, liés à l’insertion paysagère du site, aux covisibilités, à l’histoire du site et à son contexte :

  • Coupler des réponses paysagères et environnementales en densifiant les lisières boisées à l’Est (atténuation des vues sur les équipements du camping pour les riverains et renforcement d’un corridor écologique), et à l’Ouest
  • Révéler la présence de l’eau (ruisseaux) à l’intérieur du camping, témoins du passé du site et de son fonctionnement hydro géographique, mais également support d’une biodiversité spécifique
  • Renforcer le côté « nature » du camping souhaité par le gestionnaire dans son ambiance générale, au travers notamment de palettes végétales variées, adaptées et favorables à la faune, de plantations diversifiant les milieux et renforçant les habitats, par gestion plus souple des espaces verts, mais également dans l’utilisation de matériaux plus durables, moins perméables, …

2 – Des enjeux adaptés au site d’étude, mais généralisables à d’autres campings (espaces verts et leur gestion, traitement de sol, pédagogie, actions diverses)

  • Diversifier la palette végétale générale et favoriser les espèces utiles pour la faune
  • Intégrer un pourcentage plus élevé d’essences non exotiques de plantations en s’appuyant sur une palette de végétaux locaux
  • Diversifier et différencier les modes de gestion pour permettre à la biodiversité de mieux s’exprimer (faune/flore)
  • Limiter la mise en œuvre de revêtements de sol imperméables, et favoriser les cheminements en grave dans un souci environnemental et de cohérence/unité d’ensemble dans le traitement des sols
  • Optimiser et intégrer la gestion de l’eau pluviale en cohérence avec les enjeux biodiversité, paysagers et d’usages du site
  • Diversifier les strates végétales en faveur des espèces (flore, insectes)
  • Pérenniser et favoriser la mise en œuvre de murets de pierres sèches
  • Poursuivre et amplifier la mise en place de micro-habitats en faveur de la faune (avifaune, reptiles, chiroptères, mammifères terrestres) : murets de pierres sèches, cavités/anfractuosités, produits de coupe de ligneux, habitats artificiels…
  • Assurer une pédagogie sur les actions menées et sur la biodiversité du site et de ses abords, sur son histoire

Un ensemble de préconisations écopaysagères pour un camping plus durable

Afin de pouvoir orienter au mieux Mr Garcia, nous avons élaboré un certain nombre de préconisations permettant une mise application concrète d’actions répondant aux enjeux précédents, à la croisée du paysage et de l’environnement.

Parmi cette « boîte à outils » :

  • Une végétalisation des mobil-homes et de leurs abords ;
  • La mise en place d’une gestion différenciée, en particulier sur les espaces enherbés et arbustifs ;
  • La définition d’une palette végétale à appliquer dans le cadre des plantations sur le site, le remplacement progressif des haies plantées d’essences horticoles et exotiques par des végétaux locaux, mellifères et/ou à baies ;
  • Des plantations complémentaires, pour une meilleure intégration paysagère des installations et un confortement des corridors écologiques ;
  • Des préconisations dans le vocabulaire des installations (mobilier, clôtures, supports de plantes grimpantes, etc.) ;
  • La mise en place de supports pédagogiques mettant en avant la faune et la flore du site et ses paysages uniques ;
  • La création de dépression hygrophiles/humides, supports de biodiversité et participant à la qualité paysagère générale du site ;
  • Etc.

Illustration de la mise en place d’une végétalisation couplée à une gestion différenciée

Illustration d’un remplacement progressif des haies existantes par des essences locales

Illustration de plantations complémentaires en rive Est du camping pour une meilleure intégration des installations et un confortement des corridors écologiques

Un site pilote

En premier lieu, et au regard de nos échanges avec le gestionnaire du camping et l’UBHPA, la question de la gestion des espaces verts est un des éléments les plus marquants de cette étude en termes de généralisation potentielle.

Les surfaces végétalisées étant importantes dans les campings, il s’agit en effet d’un poste de dépenses, de contraintes, mais aussi du support de l’image générale du camping pour les visiteurs. Or, par des actions simples et un peu de pédagogie, il est relativement aisé de pouvoir réduire l’entretien de certains espaces et d’améliorer leur naturalité. Cette réduction de l’entretien des espaces verts est en effet, au-delà de l’aspect financier évident, un vecteur important pour favoriser la biodiversité. A titre d’exemple, une prairie fauchée 1 fois par an possède 7 à 8 fois plus de diversité végétale qu’un gazon tondu 18 à 25 fois par an [1] !

Sans compter tous les bénéfices que la faune peut tirer de la présence d’une végétation en gestion extensive (alimentation, abri, …), il est également assez simple, sur un site donné, d’identifier les espaces nécessitant un entretien régulier de ceux qui ne le nécessitant pas, et où par conséquent une meilleure place à la nature peut être faite.

Parallèlement, il est évident que cette démarche doit s’accompagner d’un minimum de pédagogie auprès des usagers, afin qu’elle ne soit pas prise pour du laxisme à l’égard de l’entretien des espaces.

Dans une même optique pédagogique, une autre action relativement aisée à mettre en place et se prêtant bien aux campings est celle concernant l’implantation de supports permettant aux usagers de découvrir la faune, la flore, les paysages et l’histoire du site et de son territoire. Les campings sont en effet des espaces souvent situés dans des environnements naturels spécifiques (espaces boisés, littoraux, …), abritant des cortèges végétaux et animaux singuliers. Et quel meilleur moment que les vacances pour en apprendre un peu plus sur la biodiversité et les actions simples que chacun peut mettre en œuvre pour la favoriser ?

Enfin, la question de la palette végétale est un autre aspect de cette étude qu’il semble intéressant de potentiellement généraliser à d’autres campings.

Souvent, les plantations dans les campings sont constituées d’essences exotiques et sont pensées au travers du prisme de leur qualité graphique, et/ou de leur feuillage persistant. Or, les végétaux persistants ne présentent un intérêt notable qu’en période hivernale, qui n’est clairement pas la période où la fréquentation des campings est la plus importante.

A titre d’exemple, sur le camping du Lac de Mr Garcia, la très grande majorité des essences d’arbustes sont originaires d’Asie, d’Océanie, ou encore d’Amérique du Sud.

Massif composé de Phormiums, Stipas, Miscanthus, etc. : un vocabulaire végétal exotique dénué d’accroche territoriale  et peu de services rendus à la biodiversité

Or les attentes des usagers évoluent : de plus en plus, les visiteurs souhaitent découvrir un territoire, ses paysages, et l’ensemble des éléments qui en font la spécificité. Cela passe également, bien entendu, par le paysage végétal. Quel intérêt pour les usagers, face à cette attente, de côtoyer les mêmes végétaux que partout ailleurs ?

De plus, les végétaux exotiques présentent un intérêt bien moindre en termes de biodiversité que les essences locales qui, elles, bénéficient à un panel bien plus important d’espèces.

Enfin, parmi les préconisations généralisables, la mise en place d’habitats en faveur de la faune est aussi quelque chose de relativement aisée à mettre en place et à faire accepter par les usagers.

Pour toutes les préconisations précitées, le camping du Lac de Mr Garcia a ainsi parfaitement joué le rôle de « camping pilote ».

Bilan et suite de l’accompagnement

Cet ensemble de solutions, applicables de manière plus ou moins directe à d’autres campings, a été un parfait exemple d’étude en éco-paysage tel que nous le proposons.

En effet, et au travers de cet accompagnement, nous avons pu réussir à mettre en exergue une multitude de possibles répondant à des objectifs liés à la question du paysage (gestion des vues, ambiance générale du site, matériaux, usages…), mais selon un prisme mettant en avant la biodiversité (prise en compte de la biodiversité en présence ou potentielle – végétations, espèces, choix et mise en place d’une palette végétale locale de manière durable, renforcement des corridors écologiques locaux, mise en place d’habitats spécifiques, gestion intégrée des eaux pluviales, etc.).

Suite à cette étude, notre équipe de Dervenn Travaux et Aménagements réalisera une partie des travaux afin d’enclencher la « réalisation » de ces préconisations ancrées dans notre raison d’être : rendre compatibles les activités humaines et la préservation de la biodiversité !

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[1] Source : guide technique Biodiversité et Paysage Urbain – biodiversiteetbati.fr