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La saisonnalité des travaux de génie écologique

Saisonnalité des travaux de génie écologique

Les travaux de génie écologique sont réalisés à partir de matière vivante et ont vocation à être réalisés au service du vivant. Toute intervention doit donc être planifiée finement, dans le respect des cycles biologiques de son matériau.

L’adaptation des travaux de génie écologique selon les saisons 

Les professionnels du génie écologique organisent leurs chantiers selon un calendrier annuel précis. Ce calendrier prend en compte les conditions météorologiques propres à chaque saison et est organisé de manière à permettre aux espèces animales et végétales présentes sur le site de réaliser pleinement leur cycle de vie.

Par exemple, toute mesure liée à l’entretien des arbres ou à la gestion de la végétation arbustive, doit prendre en considération – et s’adapter – à la période de nidification des oiseaux. Cette période est généralement considérée entre avril et juillet de chaque année, mais reste à ajuster au cas par cas, en fonction des types d’habitats et espèces présentes sur la zone d’intervention. Ainsi, pour permettre à l’avifaune de nicher sereinement, les interventions sur la végétation doivent être préférentiellement planifiées en dehors de ces quelques mois.

Calendrier (non-exhaustif) des cycles écologiques

À chaque saison, ses travaux. Le travail des professionnels du génie écologique ne s’arrête pas avec l’arrivée de la période hivernale, injustement qualifiée de « mauvaise saison ». Effectivement, si certaines typologies de chantier ne peuvent être réalisées l’hiver venu, par manque de portance des parcelles ou encore par risque de débordement du lit des cours d’eau, d’autres ateliers doivent quant à eux impérativement être réalisés à ce moment-là de l’année.

Ainsi, c’est durant la seconde partie de l’automne et durant l’hiver que les travaux de plantations (bocagères et forestières), d’élagage et de taille doivent être opérés, pendant la période dite de « repos végétatif ». Cette phase correspond à l’entrée en dormance des végétaux : leur activité biologique ralentit considérablement, la croissance est stoppée, la sève rejoint les racines et, pour certains arbres, les feuilles tombent. Il s’agit d’une étape primordiale du cycle de vie d’un végétal, ce repos lui permettant d’emmagasiner les réserves nécessaires à son développement futur et notamment à la production des bourgeons, feuilles, fleurs et fruits, une fois le printemps revenu.

La période de dormance correspondant à une descente de la sève dans les racines de la plante, la taille de celle-ci, génératrice d’un certain stress, aura un impact plus limité. Les températures plus basses préviendront par ailleurs le végétal d’une attaque par des parasites ou des champignons sur la « plaie » générée par la taille. De même, l’arrachage en pépinière, puis la plantation d’un arbuste pendant le repos végétatif, lui permettra de développer pleinement son système racinaire dans son nouvel environnement avec le retour des « beaux jours », et d’être davantage prêt à affronter une éventuelle sécheresse en début d’été.

L’adaptation des interventions aux spécificités du site

Dans le cadre d’un chantier de génie écologique, chaque site est unique et présente des caractéristiques particulières qui doivent être prises en compte dans l’organisation des travaux. Celles-ci peuvent concerner des enjeux faunistiques, floristiques spécifiques (présence d’une espèce protégée, localisation d’une espèce invasive, etc.) et / ou des enjeux d’accessibilité liés à la conformation du site (bordures de cours d’eau, tourbière de très faible portance, etc.).

Par exemple, dans le cadre d’un futur chantier, si l’inventaire faunistique réalisé en amont du projet a mis en évidence l’installation de chiroptères (chauve-souris) protégés dans un massif boisé à entretenir, il est primordial de planifier l’intervention en dehors de la période de sensibilité de ces espèces. Cet enjeu particulier au site ajoutera une contrainte complémentaire au calendrier de chantier.

De même, pour un chantier nécessitant une opération de gestion de la végétation en bordure de cours d’eau, espace boisé appelé ripisylve, la période d’intervention devra avoir lieu durant le repos végétatif, mais devra également s’adapter aux possibilités d’accès au site. En effet, la période de dormance végétale correspondant généralement à une hausse de la pluviométrie et donc du niveau des cours d’eau, les travaux devront aussi s’adapter aux éventuelles zones inondées et / ou impraticables au moment de leur démarrage. La préservation des sols doit rester une priorité pour l’entreprise de génie écologique et les travaux être menés de manière à limiter toute dégradation durable de l’écosystème.

L’évolution des saisons et ses effets sur l’organisation des interventions

Enfin, le changement climatique suppose de reconsidérer la planification des travaux.

Il a été observé que l’automne et le printemps se raccourcissent et/ou se décalent [1] [2]. Considérant le fait que chaque type d’intervention doit s’adapter aux cycles biologiques, eux-mêmes dépendants de la succession des saisons, la disparition de ces saisons, dites « intermédiaires », représente un enjeu considérable pour les travaux de génie écologique, et plus largement pour la survie des écosystèmes. Ce phénomène implique donc de s’adapter, et d’adapter nos moyens, pour être en mesure de réaliser tous les travaux nécessaires sur une période parfois écourtée.

Pour exemple, un printemps particulièrement précoce pourra restreindre la période de plantation de haies bocagères en anticipant la montée de sève et le développement des premiers bourgeons. Les végétaux disposeront ainsi d’une période de dormance plus courte et de moins d’énergie disponible pour supporter d’éventuelles conditions difficiles au printemps / été (une sécheresse notamment).

De même, la plantation de végétaux est soumise aux contraintes d’arrachage par les pépinières. Le démarrage de la saison de plantation dépend donc de la date de réception des plants : ainsi, en cas de gelées précoces, les pépiniéristes doivent mettre l’arrachage et la livraison des plants en suspens afin de les protéger du gel, écourtant de ce fait la période de plantation.

Le cumul des deux facteurs évoqués, des vagues de froid au démarrage de la saison, suivies d’une hausse rapide des températures en début d’année, auront un impact d’autant plus important sur les travaux à réaliser.

En conclusion, les travaux de génie écologique sont intrinsèquement liés aux cycles biologiques du vivant. Cette discipline nécessite une planification minutieuse, prenant en compte à la fois les phases de sensibilité des espèces végétales et animales présentes, et les particularités des sites d’intervention. Les périodes de nidification des oiseaux, les phases de repos végétatif des plantes, sont autant d’exemples d’événements qui doivent guider la programmation des chantiers. En parallèle, le changement climatique impose des ajustements dans la planification des interventions : avec l’évolution des saisons intermédiaires, les périodes optimales d’intervention pour certaines activités, comme la plantation, tendent à se restreindre. Les professionnels du génie écologique doivent donc adapter leurs pratiques pour répondre à ces nouvelles contraintes et assurer la réussite des travaux, dans le respect des cycles naturels.

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Sources :

[1] https://www.polytechnique-insights.com/tribunes/planete/quel-est-limpact-du-changement-climatique-sur-les-saisons/

[2] https://phys.org/news/2021-03-northern-hemisphere-summers-year.html