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Le Grosbec casse-noyaux (Coccothraustes coccothraustes)

Également appelé Mulette Perlière, ce mollusque remarquable d’une taille maximale de 13 cm, affectionne les cours d’eau rapides, transparents, très frais et oxygénés. L’eau ne doit pas être calcaire. Le substrat doit être sableux et comporter des pierres en petite quantité. Sur le plan ichtyologique, ces habitats n’abritent généralement que 5 à 7 espèces de poissons.

 

Habitat fréquenté par la Moule perlière d’eau douce en Bretagne © Dervenn

Chaque Moule perlière filtre entre 40 et 50 litres d’eau par jour et l’espèce est très exigeante quant à la qualité de l’eau. Cette dernière doit contenir moins de 1,7 milligrammes de nitrates par litre, ce qui est quatre fois moins que certaines eaux minérales du commerce !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cadavre de Moule perlière, l’érosion de l’umbo est un signe caractéristique des vieux individus © Dervenn

La reproduction débute durant les mois de juin et de juillet, période durant laquelle les mâles expulsent une grande quantité de spermatozoïdes dans le cours d’eau. Certains captés par des femelles situées en aval fécondent les œufs de ces dernières. Les œufs maturent durant un mois et demi dans les branchies des femelles de la Mulette perlière. Les larves microscopiques, appelées glochidies, sont ensuite expulsées de la coquille. Ces larves de formes singulières dérivent alors dans le courant en utilisant de très maigres réserves alimentaires qui leur permettent de subsister quelques heures. Si la glochidie tombe dans les sédiments du fond de la rivière, elle y mourra.  La seule issue pour ces larves consiste à s’accrocher aux branchies d’un Saumon atlantique ou d’une Truite fario. Pour se faire, lorsqu’elles entrent dans la bouche d’un poisson, le goût du mucus du poisson leur fait claquer frénétiquement le « bec » jusqu’à ce qu’elles se fixent au premier contact avec les branchies du poisson.

Seules les salmonidés indigènes (ce qui n’est pas le cas des truites arc-en-ciel introduites) permettent le bon développement des larves qui très rapidement « s’enkystent » sur la branchie et s’y ancrent en formant une sorte de « bouton » depuis lequel, elles pourront se nourrir et se développer au gré des déplacements du poisson.

Le poisson ne subit pas d’impact négatif et la relation entre la larve de Moule et son hôte est une symbiose. La larve consomme notamment des impuretés fixées aux branchies du poisson et sécrète des substances antifongiques. La Moule améliore également la qualité de l’eau et sa transparence qui sont bénéfiques pour un nombre important d’espèces tels les exigeants salmonidés.

Après plusieurs mois passés dans les branchies du poisson, il ne reste qu’une larve sur vingt encore accrochée, généralement ce sont les jeunes poissons qui éprouvent des difficultés à se séparer des larves de Moule. Après avoir quitté le poisson, la larve de mulette, dont la taille fait six fois sa taille initiale, se laisse dériver jusqu’à atteindre le fond du cours d’eau où si elle y trouve un substrat sableux, pourra s’enfouir afin de se soustraire à d’éventuels prédateurs. D’une taille égale à un demi-millimètre, elle y restera enfouie parfois à plus de 20 cm de profondeur jusqu’à atteindre une taille de 5 cm.

Concernant la reproduction, il est à noter également que les femelles de Mulettes sont capables de s’autoféconder (parthénogénèse) et l’espèce peut se reproduire durant toute sa vie.

L’aire de répartition mondiale de la Moule perlière est singulière et englobe en Europe, la Scandinavie, les Îles britanniques, une partie de la France, le nord-ouest de l’Espagne et une zone comprise entre l’Allemagne et l’Autriche. On la retrouve également sur la côte est des États-Unis et du Canada.

Cette aire de répartition s’est largement réduite ces cent-cinquante dernières années du fait de leur recherche pour la confection de colliers de perles. En effet, les mollusques sont capables de recouvrir de nacre un corps étranger qui les gêne. C’est cette capacité qui leur a donné le nom de Moule « perlière ». Moins d’une mulette sur mille contient une perle, cette dernière prend une forme et une couleur qui lui sont propres. Des massacres étaient réalisés avant sa protection en 1992, l’un des exemples les plus connus de cette recherche de la perle parfaite est sans contexte le collier de perles de la reine Marie de Médicis qui était composé de 32 000 perles (soit un minimum de 32 millions de mulettes tuées). En 50 ans, la France a ainsi perdu 95% de ses populations de Mulette perlière.

Outre la destruction des individus dans le but de collecter des perles, la dénaturation des cours d’eau et la mise en place de barrages ont eu des conséquences directes sur les peuplements de poissons hôtes que sont le Saumon atlantique et la Truite fario qui ne peuvent ainsi plus rejoindre leurs frayères. Originaire d’Amérique du sud, le Rat musqué s’avère être un redoutable consommateur de mulette et sa présence peut localement être une menace directe pour les populations du mollusque.

Les autres causes de disparition de la Mulette sont liées à la pollution des eaux par, l’agriculture (piétinement du bétail aux abords du cours d’eau et utilisation de produits chimiques), la sylviculture et, plus globalement toutes les modifications des caractéristiques du cours d’eau.

La Moule perlière d’eau douce peut être qualifiée d’espèce parapluie car sa préservation est bénéfique pour toutes les espèces animales et végétales qui fréquentent son habitat.

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